L’instruction des contrôleurs au C.I.C.D.A.
Le simulateur de vigie
Préambule
La force d’une armée est de savoir s’adapter aux besoins sans forcément passer par les industriels.
Membre de l’Espace Patrimonial Rozanoff, Michel Barrans témoigne dans cet article, pour en avoir connu la genèse et l’utilisation, de ce que fut le simulateur de contrôle de trafic d’aérodrome SIECA.
Conçu, construit et mis en œuvre par les personnels de l’Armée de l’Air, initialement installé au centre de formation de Dijon‑Longvic, cet équipement « maison » efficace et, a priori, unique en son genre, fut ensuite dupliqué sur la Base Aérienne 118 de Mont-de-Marsan.
Le contexte
À compter du 28 août 1968 le CICOSA, devenu CICOCCA, assura l’instruction élémentaire des « Contrôleurs de la circulation aérienne », anciennement « Contrôleurs d’aérodrome ».
Ce type de contrôleurs, dits « petits volumes », gère la circulation aérienne dans le volume d’espace attribué à un aérodrome, pour les décollages et atterrissages, les tours de piste, le roulage au sol, etc.
Cette instruction de base comporte une partie théorique et une partie pratique, essentiellement sur simulation, la pratique réelle étant une illustration en fin de la partie simulée.
La théorie englobe les règles de l’air, la réglementation des contrôles (CAG) civils et militaires (COM), les incidents de contrôle, les performances des avions (civils et militaires), les radars de contrôle, etc.
Le simulateur
La pratique débute par l’animation d’un simulateur de contrôle de trafic d’aérodrome qui présente un aérodrome mixte, civil et militaire, sur un plateau de 96 m².
Tout y est représenté :
- la piste ;
- les aires de roulage ;
- les hangars d’une base aérienne ;
- une petite ville ;
- des arbres ;
- et même une superbe chaîne de montagnes…
tout sauf la tour de contrôle (CLA).
En effet, un banc vigie type équipé de 3 consoles, installé derrière de larges baies vitrées, remplace celle-ci. Un aérodrome s’étend sous leurs yeux d’élèves Contrôleurs Locaux d’Aérodrome (C.L.A.).
Pour rendre réaliste la maquette, le C.I.C.D.A. a fait preuve de beaucoup d’astuces : un réseau de rails de chemin de fer (trains de jardin LGB) sillonne l’espace situé sous la maquette.
Sur celui-ci circulent des petits wagonnets électriques (motorisés) supportant des avions migrateurs (échelle 1/48e) au bout de tiges verticales de quelques dizaines de centimètres. Ainsi, les wagonnets évoluant dans les trois dimensions (rails ad’hoc) sous la maquette font rouler, décoller et atterrir ces petits avions.
La simulation des attentes en vol, ainsi que des « breaks » à l’arrivée, est aussi réalisée.
L’ensemble est radiocommandé par les instructeurs qui peuvent provoquer des situations air et sol compliquées (manœuvre jusqu’à 16 avions et véhicules au sol simultanément).
Les créateurs de simulation ont poussé le perfectionnisme jusqu’à équiper la maquette d’une multitude de petites lumières recréant l’ambiance d’un terrain la nuit. Les petits avions sont équipés de feux de position donnant une vue d’ensemble magique pour les visiteurs étonnés.
Enfin, les élèves contrôleurs C.L.A. terminent leur instruction élémentaire en contrôlant des avions réels sur le terrain en gardiennage proche de Dijon (aérodrome de Broye-les-Pesmes), vols effectués par les Fouga et MD 311 « Flamant » appartenant à la 2e Escadre de Chasse stationnée sur la Base Aérienne de Dijon‑Longvic.
Un simulateur identique sera reconstruit pour le personnel du C.I.C.D.A., aidé par des mécaniciens de haute technicité venus du C.E.A.M., en corrigeant quelques imperfections. La mise en place s’effectua dans les nouveaux locaux du C.I.C.D.A., situés dans l’îlot « Marina » de la BA 118 à Mont-de-Marsan. ■
Photothèque
Le simulateur SIECA n’existe plus aujourd’hui. Toutefois, l’Espace Patrimonial Rozanoff conserve parmi ses collections une petite partie du plateau utilisé par ce dernier, dont voici quelques clichés :